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Le musée du Louvre présente pour la première fois en France une exposition consacrée au sculpteur allemand Messerschmidt, actif à Vienne et Bratislava au XVIIIe siècle, auteur de portraits de cour et d’intellectuels mais aussi de têtes violemment expressives, à l’étrangeté fascinante dont l’audace séduit le public contemporain.

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L’Homme qui bâille. 1771-1781. Etain. Budapest, Szépművészeti Múzeum © Szépművészeti Múzeum, Budapest

« Au nombre des sculptures les plus impressionnantes de la fin du XVIIIe siècle figurent sans aucun doute les œuvres de Messerschmidt , connues sous le nom de « têtes de caractère ». Il s’agit d’une collection de bustes en métal ou en albâtre où l’expression est marquante, difficile à interpréter, et qui exerce sur le spectateur une fascination à laquelle il ne lui est pas facile de se soustraire. Ces têtes irritent et interpellent tout à la fois, et ne permettent pas de deviner la « véritable » intention de l’artiste ». Extrait du catalogue d’exposition, Maria Pötzl-Malikova.

Riche d’une trentaine d’oeuvres, dont la tête acquise par le Louvre en 2005, l’exposition rassemble des prêts exceptionnels qui permettent de montrer au mieux l’évolution du style de Messerschmidt et de souligner son esthétique.

Franz Xaver Messerschmidt (1736-1783) commence une brillante carrière de sculpteur à Vienne en 1757 où il réalise les portraits de la famille régnante, notamment ceux de l’impératrice Marie-Thérèse et du futur empereur Joseph II. Ces sculptures sont encore dans la tradition baroque. C’est peu après son retour d’Italie que son style évolue vers le néoclassicisme.

JPEG - 13.9 koL’Homme qui pleure comme un enfant,1771-1783. Alliage d’étain et de plomb. Budapest, Szépművészeti Múzeum, 51.936 © Budapest, Szépművészeti Múzeum

Messerschmidt est un artiste entier, excentrique et peu après ses années de gloire en 1969-1970, s’opère une rupture à partir de 1771, période à laquelle il commence sa série de « têtes ». Le sculpteur s’isole peu à peu tandis qu’il entretient des relations de plus en plus difficiles avec ses pairs et ses commanditaires.

En 1774, lorsque l’Académie de Vienne lui refuse la chaire de sculpture pour cause de « troubles cérébraux », celui-ci décide de quitter définitivement Vienne. Il s’installe à Presbourg (actuelle Bratislava) à partir de 1777, où il se consacre de plus en plus à l’exécution de cette exceptionnelle série de « têtes ».

« Les rares écrits de Messerschmidt parlant de ses têtes ne les qualifient pas : il s’agit pour lui de « Kopfstücke » (têtes). L’appellation « têtes de caractère » (Charakterköpfe) est retrouvée dans brochure servant de livret à la première exposition publique des sculptures en 1793, soit dix ans après la mort de l’artiste. Les titres des œuvres y sont également inventés, « ceux-ci, grotesques et faux, tous apocryphes, n’ont été conservés que par commodité. » (1)

On trouva 69 sculptures après son décès : aucune de celles-ci n’avait été vendue de son vivant. Le sculpteur en exécutant ses têtes, poursuivait un dessein personnel sans but lucratif : l’expression concrète et absolument nécessaire d’un monde intime.

Le témoignage d’un éminent visiteur en 1781, l’écrivain des Lumières berlinoises Friedrich Nicolai, offre les premières interprétations de son art et de sa personnalité. Selon Nicolai, l’artiste se disait persécuté par des esprits qui le faisaient souffrir moralement et physiquement, notamment dans le bas ventre et les cuisses. Il se regardait dans un miroir, se pinçait le corps en faisant diverses grimaces. Avec celles-ci il entendait changer les expressions de son visage de manière à devenir maître de l’esprit des proportions qui le tourmentait. Il reproduisait ensuite avec ses têtes ce visage déformé.  » (2)

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L’Homme au noble coeur, 1771-1775, Alliage d’étain et de plomb. Vienne, Belvedere, 2612 © Belvedere, Vienne

L’oeuvre de Messerschmidt suscite encore aujourd’hui l’étonnement et continue d’influencer les artistes contemporains. Aussi le musée du Louvre, présente-t-il, en contrepoint de l’exposition, des sculptures du grand artiste contemporain Tony Cragg.