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Dans le classement des 500 personnalités les plus influentes du monde arabes établi par le site arabianbusiness.com (l’équivalent des classements de Fortune), on retrouve bien tendu des financiers puissants comme le Prince Alwaleed Bin Talal Al Saud, des industriels comme les français Carlos Ghosn et Yazid Sabeg (notamment pour ses engagements à l’UNESCO) ou des héros de la vague actuelle de révolutions comme le désormais célèbre Wael Ghonim. Bien évidemment, on y trouve aussi un certain nombre d’écrivains,  intellectuels, artistes et mécènes, preuve de la vitalité d’un monde intellectuel insuffisamment mis en valeur dans les médias occidentaux.

Si elles sont rares aux premières places des « 500 personnalités les plus influentes du monde arabe », les « plumes » et personnalités intellectuelles restent bien représentées dans le reste du classement. On retrouve des noms bien connus, comme Elias Khoury ou Amin Maalouf, et d’autres, poètes, intellectuels ou écrivains que l’on gagnera à connaître.

Des femmes écrivains à l’honneur

Plusieurs femmes se distinguent : parmi elles, notons en cette année de basculement du régime l’écrivaine égyptienne et militante féministe Nawal El Saadawi. Médecin et psychiatre de formation, El Saadawi aura lutté pendant toute sa carrière contre les abus domestiques, l’excision, et l’oppression des femmes dans les sociétés patriarcales. L’écrivaine, emprisonnée déjà sous Anouar El-Sadate, plusieurs fois menacée et interdite de publication, a été contrainte plusieurs années à l’exil aux Etats-Unis. Rentrée au pays depuis 1996, on l’a aperçue apporter son soutien aux manifestants de la place Tahrir dans les derniers jours du régime d’Hosni Moubarak.  L’activisme féministe parcourt également l’œuvre de la poétesse new-yorkaise  Suheir Hammad, fille de réfugiés palestiniens et élevée à Brooklyn. Au croisement entre  culture Hip Hip noire-américaine et  héritage palestinien, Hammad est une des figures populaires de la Troisième Vague Féministe. On trouve également dans le classement l’écrivaine saoudienne Rajaa Al Sanea, auteur de « Filles de Riyad » roman-blog sous la forme de 50 messages décrivant les mœurs souterraines de filles de la grande bourgeoisie saoudienne, prisonnières mais jamais soumises au carcan du puritanisme du Royaume. Le roman, interdit en Arabie Saoudite, s’échange sous le manteau, et connaît un succès retentissant sur internet. Rajaa Al Sanea exerce aujourd’hui sa profession de dentiste, à Chicago. Ahlam Mosteghanemi, auteure du très remarqué « Mémoires de la Chair », figure également dans ce classement.

Une scène littéraire et intellectuelle marquée par les conflits politiques

La tradition des poètes et intellectuels levantins est également bien représentée : on retrouvera le doyen Souleiman Al Issa, qui aura traversé  au long de ses presque 90 ans d’existence toute l’histoire récente du Proche-Orient. Poète mais aussi militant politique, Al Issa aura lutté contre le Mandat français en Syrie, et en faveur des nationalismes arabes. Tensions politiques et conflits au Proche-Orient  font d’ailleurs toujours partie des thèmes littéraires favori des écrivains arabes : sont cités dans ce classement Raja Shehadeh, écrivain politique et juriste palestinien, promoteur de la solution des « Deux Etats » et l’intellectuel et écrivain libanais Elias Khoury, ancien membre du Fatah, supporter passionné de la cause palestinienne et compagnon de route du grand poète Mahmoud Darwich. Comme toute une génération d’écrivains libanais, l’œuvre de Khoury aura été influencée par la guerre civile libanaise, et la réflexion sur les rapports à l’Autre dans un contexte de conflits et de tensions ethniques et religieuses quasi-permanent.

Cosmopolitisme des traditions littéraires

On est toujours frappés de constater le cosmopolitisme de la scène littéraire arabe : la plupart des auteurs présents dans ce classement auront abondamment circulé dans tout le monde arabe. La France constitue toujours une terre d’accueil littéraire pour les « exilés », ou les membres des diasporas de différents pays arabes. Parmi les personnalités résidant en France, on citera l’écrivain tunisien Habib Selmi, Adonis, un des plus grands poètes arabes vivants, et véritable pont entre les traditions littéraires orientales et françaises. Adonis aura exercé une influence majeure sur toute la poésie arabe dans la seconde moitié du XXe siècle. Enfin, citons l’écrivain libanais Amin Maalouf, Prix Goncourt 1993 pour « Le Rocher de Tanios », et résidant à Paris.